Hameaux
et vieilles fermes du Hohwald
Frédéric Schmutz
Le Hohwald, terrain de
chasse préféré des seigneurs du Val de Villé depuis 1125, des comtes d'Andlau et des sires de Dicka,
resta inhabité jusque vers 1650 où les familles Dolder,
Bohy et Ropp arrivèrent du
canton de Berne et des bords du lac de Thoune pour défricher et implanter ce
qui sera l'embryon des différents hameaux de la Alt-Melkerei,
Furstenplatz, Zundelhutte, Neu-Melkerei, Weidenthalhof ou Witterthalhof, Saegemuhle, Louisenthal et Sperberbaechelthal.
A. Il ne faut pas
confondre la « Alt-Melkerei » ou Vieille Métairie (altitude 934 m), ancienne ferme-auberge
où séjourna Kirschleger, et qui fut aussi maison
forestière construite par les Zurlauben, alors
seigneurs du Val de Villé, vers 1700, démolie en 1962 après avoir servi de
refuge à la section de Strasbourg du C.V., avec la
dénomination cadastrale :
B. Alt-Melkerei
qui désigne ce qu'on appelle « Chaume
des Veaux » où s'élèvent :
- la Vieille Kaelberhutte qui
fait partie de la Commune de Breitenbach, érigée en
ferme en 1829 à la place d'une grande baraque-abri
construite vers 1660, où l'on mettait en été de jeunes bêtes à cornes à l'embouche,
ce qui justifie son nom. La propriété fut acquise le 11 octobre 1976 par Jean Dolder.
. la ferme-auberge
Ropp-Jost fut construite en 1680 et habitée par les Ropp-Kleti en 1793 (Hochfeld sur
les cartes).
. le refuge des Amis de la
Nature, section de Strasbourg, fut anciennement une ferme, construite vers 1850
(Chaume des Veaux proprement dite sur les cartes).
C. Le Furatenplatz, ainsi appelé parce qu'il faisait partie
du grand domaine forestier des ducs de Choiseul-Meuse,
seigneurs du Val de Villé au XVlllème siècle, qui
possédaient les forêts allant du Lilsbach jusqu'au
sommet du Champ du Feu. Ils firent construire deux métairies au lieu-dit Furstenplatz prés du col du Kreutzweg.
L'une d'elles, habitée par les Ropp, brûla en 1976.
Une partie de ces Ropp émigra vers 1850 aux
Etats-Unis (Ohio et Illinois) où ils ont constitué une prospère secte
protestante. Leurs descendants ont fait, en 1978, le pèlerinage aux sources.
Deux autocars pleins ont visité les lieux où vivaient leurs aïeux au Hohwald,
au Ban de la Roche et au Climont. Le Furstenplatz fut acquis par le sieur Cuny le 26 thermidor
an IV (12.8.1795).
D. Zundelhutte. Le
mot viendrait de ce qu'un vieil homme, habitant cette ferme datant de la
seconde moitié du XVlllème siècle, y préparait de
l'amadou. La ferme a été occupée par des Bohy, venus
de la région de Schangnau-Signau (canton de Berne).
Elle est dominée par la crête boisée du Zundelkopf
sur les flancs duquel est construite la maison forestière du même nom (datant
de la même époque d'après le • Reichsland ».)
E. La ferme de l'Abjuk, ou Lindenhutte (actuellement encore de vieux tilleuls
l'ombragent), a été construite en 1809 par Johann Bernard Dolder baptisé le 20.09.1787 à Breitenbach
(Suisse). Ses descendants possèdent encore l'original du « Heimatschein
» délivré par les autorités du canton de Berne.
F.
Le hameau de la Neu-Melkerei
qui s'étend entre la Lindenhutte et l'actuel temple
protestant, fut défriché entre 1729 et 1738 par les marquis de Choiseul-Meuse. Il fut vendu en 1794 pour les trois-quarts
au sieur Cuny et le reste à François Gerber (dont une branche a émigré en 1842
à Domonauk (Illinois, U.S.A.)
et à Nicolas Bernard. C'est dans ce hameau que fut érigée la première église
protestante devenue par la suite « l'Aérium Vieille Eglise ».
G. En contrebas du cimetière protestant et
jusqu'aux rives de l'Andlau s'étend une propriété
boisée coupée de pâtures, de 11 hectares, qui fut la propriété de l'industriel
Auguste Michel (foies gras de Schiltigheim) dont la fille, Madame Michel Mathis, y habitait jusqu'à sa mort en 1978. M. Michel y
possédait les villas de l'Ermitage, de la
Schlitte et de la Hutte. II était féru d'art et avait fondé le cercle
artistique et littéraire « le Kunschthafe ». En 1902
il y recevait Sarah Bernardt, Coquelin aîné et
Frédéric Mistral. II m'est agréable de penser que ce félibre venait y rimer,
assis sur les rochers du bord de l'Andlau,
actuellement en ma propriété de la
H. Le hameau du Weidenthal ou Wltterthal fut affermé
en 1717 aux Bohy, venus de Suisse (bords du lac de
Thoune). C'est dans ce hameau que se trouvent la maison forestière et la maison
de maitre des marquis de Choiseul-Meuse
dont les descendants actuels sont les familles de Lassuchette,
de Vergnette, de Martignac, de Saizieu.
I.
Le centre du village du Hohwald porte le nom de «Saegemuhle » du fait qu'A la
place actuelle des dépendances du Grand Hôtel s'élevait, dés 1780, « la scierie
des bois de Strasbourg au Hohwald » comme en témoigne une lithographie datant
de 1820. Sur celle-ci on aperçoit aussi « le Herrschaftshaus
», devenu la maison forestière de la Ville de Strasbourg, ainsi que le Grand
Hôtel du Hohwald dont la partie la plus ancienne date de 1856. Au carrefour des
D 425 et D 426 s'élève la Villa Goguel. M. Goguel, ancien ambassadeur français au Japon, fut à la fois
un bienfaiteur du Hohwald mais aussi un grand amateur d'art. Il y reçut le
peintre Rosa Bonheur (dont J'ai pu admirer les études de
lions)
et le compositeur Reynaldo Hahn, né à Caracas
(1875-1947) et auteur de Ciboulette. Le Général de Gaulle séjourna dans la
villa en 1946.
J. Le hameau du «
Sperberbaechel
• (ruisseau des Eperviers), qui groupe actuellement une quinzaine de maisons,
fut défriché vers 1725 et ses occupants travaillèrent tous dans les forêts des
marquis de Cholseul-Meuse. Ce hameau fit partie de la
commune d'Andlau jusqu'en 1867, date à laquelle le Hohwald
fut érigé en commune autonome.
K. Le Louisenthal va de l'église catholique jusqu'au fond du vallon en "cul-de-sac" où se trouve actuellement l'auberge Romain-Killing. La maison la plus ancienne est le n° 62 (Alfred Rochelle) où se tenait jusqu'en 1947 un commerce saisonnier ; on y servait du café, du thé et des gâteaux.
Nous mentionnerons encore :
A
noter que jusqu’en 1867 :
- le hameau du Willerthalhof fit partie d’Albé,
- les hameaux de Furstenplatz et de Neu-Melkerei de Breitenbach
- et la Saegemuhle de Barr.
Actuellement le
Hohwald compte 492 habitant (655 en 1946) dont les maisons sont éparpillées sur
2093 hectares (dont 1860 de forêts) entre les altitudes 500 m et 1100 m. Il
abrite 136 résidences secondaires et 130 résidences principales.